Leadership en action : quand le leader conducteur fait preuve d’arrogance, de déni des autres …

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Bonjour à tous,

nouvelle série et nouveau focus avec le croisement entre le langage des couleurs et les 8 styles de leadership. Nous avions déjà abordé les 8 tendances du DISC, je souhaite simplement me focaliser sur chaque profil pour voir les limites et les leçons que nous pouvons tirer de chaque dimension (conducteur, motivateur, promoteur, facilitateur …). Par exemple, le manque d’une couleur dans votre rapport DISC est souvent une indication pour apprendre de l’autre et faire preuve d’agilité en fonction des contextes. Un profil vert qui manque souvent d’assertivité pourra s’inspirer du profil DISC rouge, et le rouge du vert, pour apprendre à être plus patient et à l’écoute.

Dans ce premier article nous allons nous pencher sur le leader conducteur qui correspond au profil dominant dans la roue du DISC, car il est majoritairement dominé par la couleur rouge.

Let’s go, action Serge.

 

Lorsque nous parlons de leadership, le leader conducteur est souvent le premier style comportemental qui nous vient à l’esprit (dominance rouge). Ces profils sont d’autant plus impactant qu’ils prennent la situation en main (besoin de contrôle, objectifs ambitieux et sens du résultat), font preuve d’une extrême confiance en eux avec ce don de changer ou ignorer la réalité à l’image de Steve Jobs et le concept de champ de distorsion de réalité. Comme le profil DISC jaune, il considère pouvoir changer leur environnement et non le subir.

En comprenant les motivations qui se cachent derrière le style comportemental conducteur nous voyons que cela impact significativement leur façon de diriger et que leurs qualités peuvent être un grand atout et aussi limiter leur efficacité à long terme quand elles sont utilisées à l’extrême. Comme je le dis souvent ne pas prendre de risque ou trop de risque, c’est dans les deux cas contre-productif, le challenge de chaque personnalité du DISC étant de trouver le juste équilibre sur son spectre.

 

Présentation du leader conducteur via la méthode DISC

 

les qualités et limites du leader conducteur

 

Les qualités du leader conducteur

 
  • Un réalisme subjectif (transformer la réalité).

  • Un besoin de GAGNER et d’avoir des RÉSULTATS tangibles.

  • Un refus ou dégoût pour les émotions douces (Ne pas montrer sa vulnérabilité)

  • Un esprit dur et sans concessions

  • Une volonté d’avancer rapidement (vite et beaucoup)


Ces qualités peuvent être un grand atout en fonction du contexte, culture d’entreprise et mode de communication de votre équipe. Par contre, elles peuvent présenter des limites en fonction des situations. Ce qui peut être accepté et cohérent en situation de crise va être complètement contre productif dans un autre cadre. Néanmoins ce style de leadership est inspirant pour ceux qui n’ont pas suffisamment de rouge dans leur profil DISC et souhaite gagner par exemple en assertivité et en autorité (il suffit de prendre en compte les profils opposés en général).

 

Quelles sont les limites des qualités du leader conducteur ?

 

Nous allons voir rapidement les limites possibles des traits psychologiques du profil DISC conducteur.

Même si il est orienté vers les faits, le leader conducteur, est souvent un leader qui prend une décision à l’intuition, sans forcément avoir toutes les cartes en main, car il est motivé par cette volonté d’avancer rapidement et de faire des choix fermes et définitifs tellement il a confiance en sa vision et en ses propres capacités à surmonter les obstacles. « Je suis le capitaine de mon destin … ».

L’inconvénient, c’est qu’il peut faire preuve d’une confiance irréaliste avec une tendance à s’accrocher à ses idées et à nier toutes contradictions. Il va probablement apparaître comme arrogant et intransigeant en soulignant les incohérences des arguments des autres (esprit de compétition et besoin de triompher par plaisir) et en se privant des informations extérieures.

 
Les entreprises florissantes vont souvent tomber dans les pièges du succès avec une culture d’entreprise qui va devenir autodestructrice. L’exemple des régimes totalitaires c’est souvent arrogance en écartant ceux qui deviennent critiques, déni de la situation en amplifiant les données positives mais aussi optimisme irréaliste et approche irrationnelle du changement en croyant aux remèdes miracles ... Hitler tomba dans l’Hubris pour en arriver à la Némésis, l’effondrement total.
— Romain Y.
 

Comme je le soulignais dans la vidéo « Développer son charisme : faire preuve d’humilité », grande confiance en soi ne signifie pas, arrogance, déni des autres, optimisme irréaliste ou bien une approche irrationnelle du succès car cela peut engendrer des comportements conduisant à un effondrement rapide à l’image des entreprises comme Motorola, Nokia ou Kodak qui furent pourtant des modèles d’excellences. Ce qui peut-être interprété comme une force chez le leader conducteur devient son talon d’Achille car fermé aux changements constants et débats contradictoires, avec comme conséquence à l'extrême des collaborateurs « Yes men » autour d’un patron tout puissant et d'une culture d’entreprise refusant l’échec. Le meilleur exemple est le scandale Volkswagen et de son CEO Martin Winterkorn qui nous a montré qu’une culture qui décourage le dialogue ouvert et limite les contrôles et contrepoids au niveau de la gestion de l’entreprise peut inciter à la rétention d’informations, la tricherie et la fraude.

 
Martin Winterkorn président du directoire du groupe Volkswagen de 2007 à 2015

Martin Winterkorn président du directoire du groupe Volkswagen de 2007 à 2015

 

Ce type de leader peut s’avérer être très agressif dans son attitude via notamment son instinct de victoire et besoin de gagner à tout prix. Il est même capable de prendre du plaisir dans les conflits, nous parlons même d’euphorie au niveau du cerveau avec la sécrétion de dopamine, ce qui a des conséquences chez les profils n’ayant pas la même capacité à gérer l’ascenseur émotionnel (style comportemental DISC vert) et aussi des profils identiques à eux, qu’ils peuvent admirer et redouter si leur égo est menacé, créant ainsi des frustrations et des non dits au sein des collaborateurs.

Il faut savoir aussi que si la respiration du profil conducteur, c’est également le besoin de contrôle, d’excellence vis-à-vis de lui même et des autres via une pression constante, cela va souvent conduire ce profil très individuel à s’attribuer le mérite de ses succès, et celui des autres, sans pour autant les féliciter. L’exemple le plus frappant étant l’auto promotion constante de Donald Trump en tant que Président Américain. En outre, l'aversion du leader conducteur pour les émotions, la vulnérabilité, les signes de faiblesse et le masque qu’il s'impose, vont le mettre de temps en temps mal à l’aise quand il faut faire des éloges car ne correspondant pas à la ligne de démarcation entre le professionnel et le personnel, qu’il s’est fixé. Si il reconnaît le succès des autres, il va être ainsi très laconique et objectif tout autant qu’il va être sceptique si il reçoit des félicitations directes par peur d’être manipulé. Flatter ce type de profil trop directement peut être très dangereux et contre productif comme le soulignait un profil dominant gérant une enseigne sous-franchise : « Je ne suis pas tributaire du regard des autres ... ».

Pour terminer sur ses différents facteurs, parlons de son besoin constant d’avancer rapidement qui souligne l’un des traits de caractère perçue par les autres : son impatience permanente qui se traduit au niveau corporelle (voir l’article le langage corporel du style dominant décrypté) par une poignée de main rapide et ferme, un rythme rapide et autoritaire au niveau de la voix et une démarche souvent pressée. Pourtant pour ce profil l’impatience est une vertu ce qui devient pour lui une frustration quand son entourage ne suit pas son tempo. Quand un profil bleu est toujours en mode réflexion et préparation le rouge lui est en action depuis la veille. En tant que profil ayant pas mal de rouge j’ai une tendance à me mettre la pression tout seul et par voie de conséquence sur les autres. Au niveau d’une entreprise, comme nous l’avons vu avec le scandale Volkswagen, le risque est d'engendrer des tensions et des frustrations pour le dirigeant et les collaborateurs mais aussi à l'extrême une culture de la peur.

Voila pour cette partie, comme nous l’avions vu dans l’article « les atouts du leader conducteur », ce profil pour être plus efficace va devoir apprendre à faire preuve d’intelligence émotionnelle en cultivant l’empathie, à être également plus patient et aussi cultiver une vertu : l'humilité, un des leviers du charisme.

 
 

Quels sont les atouts du leader conducteur ?

 

Évidemment, ici nous avons souligné les limites de ce style de leadership pour montrer ce qui peut le freiner dans le développement de son plein potentiel, mais le leader conducteur est aussi très inspirant car il nous donne des clés pour mieux nous adapter et faire face à certaines situations. Si vous manquez de rouge dans votre style comportemental, vous avez tout intérêt à tirer des leçons de celui qui aime apporter de l’ambition et de l'intensité dans son travail et se retrouve souvent entrepreneur ou à des postes clés au sein des entreprises car il aime les frissons de la victoire et surmonter obstacles, doutes et frustrations. Instinctif et rapide dans leurs décisions ils n’ont pas peur d’aller de l’avant et affectionne notamment les situations de crise.

Comme je l’ai souligné dans mes précédentes contributions, les principales forces du leader conducteur sont :

  • Capacité à établir des objectifs ambitieux et des échéances serrées.

  • Capacité à avoir une vision et passer à l’action rapidement.

  • Capacité à obtenir des résultats rapides et tangibles.

  • Parler avec conviction, assurance (confiance en soi) et autorité.

  • Prendre ses responsabilités et le leadership quand nécessaire.

  • Faire preuve de courage, d’audace et prendre des décisions difficiles qui peuvent ne pas être populaires.

  • Avoir des attentes élevées pour eux-mêmes et les autres.

Pour Sugerman Jeffrey le leader conducteur va offrir trois leçons essentielles qui s’articulent autour de leur capacité à être énergique, direct et motivé.

  • L’autorité personnelle est importante (soyez ferme pour être respecté et donner une direction).

  • Se laisser prendre à des restrictions inutiles peut diluer l’efficacité du leadership (“Personne ne peut connaître un succès réel et durable en affaires en étant conformiste” Jean Paul Getty)

  • L’impatience peut être une vertu (créer l’urgence c’est sortir de sa zone de confort, produire plus et innover)


Voila pour aujourd'hui et ce profil si inspirant pour gagner en assertivité, confiance en soi, capacité à passer à l’action et délivrer au sens réalisation. Avoir une idée c’est bien, la concrétisation c’est l’essence même de l’innovation.

Je vous laisse commenter, car ici nous sommes sur des tendances et des observations via un style de leadership marqué énormément par la couleur rouge.

Merci à vous. Si vous souhaitez aller plus loin j’ai mis quelques ressources ci-dessous.

Romain.

 
 

Ressources

Articles :

Développer son charisme : faire preuve d’humilité

The biggest lesson from Volkswagen : culture dictates behavior

Sur la notion d’Hubris et Némésis un article un peu différent : Enquête sur l’Hubris et la Némésis : fascination du pouvoir


Livres :

The 8 Dimensions of Leadership: DiSC Strategies for Becoming a Better Leader” | Sugerman, Jeffrey.

How The Mighty Fall” | Jim Collins

The Self-Destructive Habits of Good Companies” | Jagdish N. Sheth